L’action des Oméga 3 sur différentes pathologies de peau

Les oméga-3 font partie intégrante des membranes cellulaires : ils conditionnent donc la bonne santé des tissus, et en particulier du tissu le plus visible : la peau. En plus de maintenir l'élasticité de la peau, ils sont largement impliqués dans les processus anti-inflammatoires : ils atténuent les rougeurs et calment les irritations. En effet, les omégas 3 interviennent dans la synthèse des prostaglandines PGE3 qui régulent le processus inflammatoire. Ils permettent le combat contre l’inflammation en particulier de la peau dans le cas de blessures superficielles. Des études ont démontré l’impact d’une consommation d’oméga 3 sur la qualité de la peau, et sur la réduction de pathologies comme le psoriasis ou la dermatite, l’acné.

Le Psoriasis

Le psoriasis est une maladie inflammatoire de la peau. De nombreuses études se sont intéressées à l’impact d’une supplémentation en acide gras n-3 sur cette pathologie. L’étude de Kragballe  a consisté en l’administration de 1,8 g/j d’acide eicosapentanoïque (EPA) et 1,2 g/j d’acide docasahexanoïque (DHA) chez 30 patients atteints de psoriasis. L’acide arachidonique (précurseur du leucotriène B4 pro-inflammatoire) est substitué au niveau des membranes cellulaires par l’EPA et du DHA qui sont tous deux à l’inverse précurseur du leucotriène B5 anti-inflammatoire. Cette supplémentation a permis d’élever le rapport LTB5/LTB4 de 0 à 0,42 permettant ainsi une réduction de  l’inflammation. Une autre étude (Grimminger) sur 30 patients atteint de psoriasisa testé l’administration en intraveineuse pendant 10 jours d’une émulsion lipidique riche en oméga-3 (2,1 g/j d’EPA et 2,1 g/j de DHA) versus une émulsion lipidique riche en oméga-6. La sévérité de la maladie a diminué chez tous les patients recevant les oméga-3. Cette diminution est liée à une augmentation de la formation de produits dérivés de l’EPA comme le leucotriène B5. Une seconde étude similaire a confirmé l’efficacité des oméga-3 en supplémentation pendant 14 jours sur 83 patients hospitalisés pour des plaques de psoriasis chroniques sévères. La supplémentation en oméga-3 s’est avérée efficace sur l’érythème, la desquamation, l‘infiltration. Une étude (Bittiner) a suivi 28 personnes atteintes de psoriasis chronique dont la moitié était supplémentée en EPA (1,8 g/j) et en DHA (1,2 g/j), l’autre moitié recevant un placebo. Au bout de 8 semaines, les patients supplémentés ont perçu une diminution des sensations de démangeaisons, de la rougeur et de la sévérité sans que la taille des lésions soit modifiée. Si des oméga-6 sont associés à des oméga-3, l’effet anti-inflammatoire des oméga-3 sur le psoriasis disparaît.

L’Eczéma

L’eczéma est caractérisé par une carence en désaturase, enzyme  qui sert à la bioconversion des acides gras essentiels en prostaglandines anti-inflammatoires. Ceci entraîne un accroissement du taux d’acide arachidonique libre qui favorise l’inflammation. Dans l’eczéma il faut à la fois augmenter les PGE1 anti-inflammatoires et les PGE3 pro-hydratantes. L’application locale d’huiles riches en oméga 3 végétaux favorise l’hydratation et calme l’eczéma. Une étude réalisée par le docteur Worm et publiée en 2007 montre l’effet d’une supplémentation en acide docasahexanoïque sur l’eczéma. Pendant 8 semaines, 53 personnes âgées de 18 à 40 ans ont pris quotidiennement 5.4g de DHA (acide docasahexanoïque) ou un placebo. A la fin de l’expérience, la sévérité des symptômes mesurés à l’aide d’un test (SCORAD), a diminué de près de 10 points dans le groupe DHA contre seulement 2 points dans le groupe contrôle, soit une amélioration d’environ 23%. Même si les chercheurs ne connaissent pas les mécanismes exacts de l’effet des oméga-3 sur la dermatite atopique, ils ont remarqué que le groupe traité à la DHA présentait une baisse significative des marqueurs de l’inflammation. Cependant, ces résultats sont à confirmer par une étude plus large.

L’Acné

Les oméga-3 pourraient exercer un effet favorable sur les lésions acnéiques inflammatoires ainsi que sur certains aspects du bien-être mental. Les oméga-3 contrôlent l’excès de sébum qui obstrue les follicules entraînant une accumulation de bactéries, d’infections, et finalement une apparition de l’acné. L’inflammation est l’un des premiers évènements de l’acné. L’influence des médiateurs inflammatoires est devenue un axe majeur de recherche. L’alimentation pourrait avoir un rôle important dans l’acné et plus particulièrement sur le processus inflammatoire. Les oméga-3 pourraient réguler positivement l’acné. Des études ont été menées pas le docteur Loren Cordain comparant la fréquence d’apparition d’acné au niveau de populations différentes. Les communautés ayant une alimentation riche en oméga-3 ont au moins d’acné que les populations occidentales ayant une alimentation riche en oméga-6. L’EPA a été reporté comme inhibant la production de LTB4 (impliqué dans l’inflammation). Cependant aucune étude clinique à ce jour n’a été reportée.

L’importance du ratio oméga 6/ oméga 3

Les oméga-3 et oméga-6 sont des acides gras dits « essentiels ». Notre corps en a besoin pour fonctionner, et il ne peut les fabriquer lui même. Les acides gras essentiels ont un rôle structural important dans la constitution de la peau :
  • ils entrent dans la composition du ciment intercellulaire, à l’état libre et en tant que constituant prépondérant des céramides ;
  • ils participent à la régulation des protéases contrôlant le clivage des protéines cornéo-desmomosales impliquées dans la desquamation des cornéocytes
  • ils entrent dans la composition du sébum
En général le rapport oméga-6/oméga-3 dans l’alimentation occidentale est estimé entre 10/1 et 30/1 alors qu’il devrait idéalement se situer entre 1/1 et 5/1. L’excès d'Oméga-6 empêche l'utilisation optimale des Oméga-3 par l'organisme, car ils se concurrencent. Le rapport oméga-3/oméga-6 a une influence profonde sur toutes les réactions d'inflammation dans le corps. Les résultats de plusieurs études scientifiques suggèrent que les oméga-3 contribueraient à calibrer et restreindre les phénomènes inflammatoires alors que les oméga-6 (et les graisses saturées) encourageraient des réactions inflammatoires et une amplification des réactions allergiques. (Simopoulos, 2002) En effet, afin d’être métabolisés, les oméga-3 et les oméga-6 entrent en compétition pour plusieurs enzymes et dans une moindre mesure pour plusieurs vitamines (vitamines B3, B6, C, E) et minéraux (magnésium, zinc). Ce déséquilibre induit, entre autres, un état physiologique propice aux maladies cardiovasculaires ainsi qu’aux troubles allergiques et inflammatoires. Selon plusieurs experts, un retour à une alimentation fournissant un rapport adéquat d’oméga-6 et 3 aurait un impact positif sur la santé cardiovasculaire des populations occidentales, et réduirait aussi les maladies inflammatoires.

L’huile d’Inca Inchi, une merveille de la nature

Nom français : Inca Inchi Nom latin/ botanique : Plukenetia volubilis                       Autre dénomination : Sacha Inchi Nom INCI: Plukenetia volubilis linneo L’Inca Inchi, plante de la famille des Euphorbiaceae, est originaire du Pérou. Cultivée en Amazonie entre 200 et 1500 m d’altitude, elle pousse comme la vigne.  Son fruit se présente sous la forme d’une capsule constituée de 4 lobes contenant chacun une graine. L’huile d’Inca Inchi est obtenue à partir de la graine de Plukenetia volubilis linneo. Les graines sont riches en lipides (51%) et en protéines (29%). Connue par les indigènes depuis des millénaires, c’est de loin l’huile la plus riche en acides gras polyinsaturés, oméga-3. Les études scientifiques actuelles signalent l’Inca Inchi comme la meilleure oléagineuse par sa composition et sa haute qualité nutritionnelle :
  • c’est probablement la seule huile végétale qui contient les deux acides gras essentiels (Oméga-3 et Oméga-6) ensemble et en aussi grande quantité
  • c’est une des seules huiles à contenir plus d’oméga-3 que d’oméga-6 (48% d’Oméga 3 et 36% d’Oméga 6). Les oméga-3 jouent un rôle essentiel dans de nombreuses fonctions qui ont tendance à décliner avec l’âge, dont l’élaboration et l’intégrité des membranes cellulaires.
Cette huile est restructurante, apaisante et protectrice de la barrière cutanée. Grâce à sa teneur en Vitamine A (681µg/100ml) et E (17mg/100g), cette huile possède aussi des propriétés anti-oxydantes.

Références :

  • JOTTERAND Corinne – KIZIRIAN Nathalie : Les Acides Gras Oméga-3 et Oméga-6 : Pourquoi sont-ils essentiels ?
  • RIBEIRO BARROS CARDOSO ET AL.: Influence of topical administration of n-3 and n-6 essential and n-9 nonessential fatty acids on the healing of cutaneous wounds WOUND REPAIR AND REGENERATION VOL. 12, NO. 2, p.235-243. 
  • Hanafi Tanojo, Esther Boelsma, Hans E. Junginger, Maria Ponec,Harry E. Boddé: In vivo Human Skin Barrier Modulation by Topical Application of Fatty Acids- Skin Pharmacol Appl Skin Physiol 1998;11:87–97 
  • A.P. Simopoulos : The importance of the ratio of omega-6/omega-3 essential fatty acids- Biomed Pharmacother 56 (2002) 365–379, Dossier: Polyunsaturated fatty acids in biology and diseases
  • C. Koch, S. Dölle, M. Metzger, C. Rasche, H. Jungclas, R. Rühl, H. Renz and M. Worm: Docosahexaenoic acid (DHA) supplementation in atopic eczema: a randomized, double-blind, controlled trial British Journal of Dermatology 2008 158, pp786–792
  • Á. Gil : Polyunsaturated fatty acids and inflammatory diseases -  Biomed Pharmacother 56 (2002) 388–396
  • EMIL ILIEV, N. TSANKOV and  Valentina BROSHTILOVA: Short Communication: OMEGA-3, -6 Fatty Acids in the improvement of psoriatic symptoms- Seminars in Integrative Medicine, Vol 1, No 4 (December), 2003: pp 211-214
  • Luis A. Follegatti-Romero, Carla R. Piantino, Renato Grimaldi, Fernando A. Cabral: Supercritical CO2 extraction of omega-3 rich oil from Sacha inchi (Plukenetia volubilis L.) seeds - J. of Supercritical Fluids 49 (2009) 323–329